AISO pour Madagascar
À propos de Vincenzo Crupi:
Vincenzo Crupi, 26 ans, étudiant en art dentaire Université de Cagliari, éditeur AISO 2015-2018, Chef d’équipe du projet «AISO pour Madagascar».
À propos de l’AISO:
L’AISO, association des étudiants italiens en art dentaire, est la seule organisation à but non lucratif reconnue légalement en Italie qui représente tous les étudiants en art dentaire au sein des universités italiennes. L’association a principalement pour objectif de garantir les droits des étudiants, d’offrir un enseignement culturel et de promouvoir les échanges internationaux ; toutefois, nous participons depuis des années à des activités humanitaires et, grâce à nos membres, nous sommes impliqués dans des activités bénévoles dans le monde entier.
L’association, entièrement composée et dirigée par des étudiants, se développe grâce aux dons et au soutien de divers partenaires. Depuis 1983, ce soutien a permis à l’AISO de devenir un acteur fondamental de la vie universitaire des futurs dentistes italiens.
1. Vincenzo, nous sommes fiers de pouvoir recueillir votre témoignage à propos de cet important projet. Afin de mieux comprendre nos rapports, pourriez-vous décrire notre collaboration avec l’AISO et votre expérience personnelle avec Hu-Friedy?
C’est pour moi un plaisir de parler de la collaboration entre l’AISO et Hu-Friedy, car je suis personnellement convaincu que c’est l’un des plus importants partenariats de notre association. Cela fait maintenant des années que Hu-Friedy travaille aux côtés de nos étudiants, leur offrant l’opportunité de participer à divers évènements, au fil des ans, dans toute l’Italie. Ces évènements visent à réunir les étudiants et le monde clinique de l’art dentaire. Outre cet aspect formateur, Hu-Friedy est notre principal partenaire pour les instruments dentaires, ce qui permet aux étudiants d’accéder aux produits les plus célèbres du monde à un prix très abordable et qui conduira la future génération de dentistes à travailler avec le meilleur équipement possible.
De plus, Hu-Friedy a toujours été très proche de l’AISO et nous a apporté un soutien sans faille pour tous nos projets. Notre dernier projet, qui nous a conduits à l’autre bout du monde pour apporter des soins dentaires aux habitants de Madagascar, en est un exemple.
2. Pourriez-vous nous expliquer comment est née l’idée d’aller à Madagascar et comment elle a été développée?
En fait, c’est une histoire très intéressante qui nous a conduits à Madagascar : L’AISO travaille depuis toujours avec des organisations internationales pour développer des projets humanitaires. Cette fois, nous sommes entrés directement en contact avec une organisation italienne à but non lucratif appelée « Amici di Ampasilava ». Nous cherchions de jeunes dentistes désireux de faire l’expérience d’un travail à l’étranger et d’une manière totalement différente de pratiquer l’art dentaire.
Personnellement, cette idée m’inspirait énormément et je voulais absolument le faire!
Après une brève période nécessaire pour mieux comprendre l’expérience que nous nous apprêtions à faire, nous avons décidé de saisir cette fantastique opportunité et de former une équipe pour l’expédition.
En réalité, c’était la première fois que notre association mettait au point un projet si ambitieux aussi loin de notre pays d’origine. Et pour être sincère, ce n’a pas été si facile, car de nombreuses choses évidentes dans votre vie de tous les jours le sont beaucoup moins dans un pays africain.
Je dois ajouter que ce projet aurait été impossible sans l’aide de mon amie et collègue Claudia, qui s’est rendue à Madagascar avec moi. Ensemble, nous avons organisé ce voyage et dirigé un groupe de 4 personnes y compris nous-mêmes, pour fournir des soins et des traitements dans le village d’Andavadoaka. Une fois l’équipe réunie et tous les détails mis au point, il ne nous restait plus qu’à trouver un moyen de financer notre projet ; et c’est là que Hu-Friedy est venu à notre secours!
Grâce à la générosité de plusieurs sponsors et de nombreux petits dons, nous avons réussi à couvrir une partie des coûts du voyage et à collecter une grande quantité d’instruments et de fournitures dentaires que nous avons ensuite utilisés lors de notre activité humanitaire.
3. Nous souhaiterions vraiment connaitre tous les détails de votre expérience. Quelle était la situation sur place?
Avant de vous raconter l’expérience sur le terrain, je voudrais prendre le temps de partager quelques détails sur notre voyage pour arriver à destination. Une fois arrivés par avion sur l’île de Madagascar, il existe deux manières de se rendre à la ville la plus proche de l’hôpital, qui est Tulear. La première consiste à prendre un avion régional, et la seconde à conduire sur les routes nationales de Madagascar. Nous avons décidé de nous rendre à Tulear, petite ville au nord-ouest de l’île, en voiture, pour retourner ensuite à Antananarivo en avion. À l’aller, le voyage en voiture a duré 4 jours, en ne conduisant que pendant la journée, sur la seule route menant au sud, ce qui nous a offert la chance merveilleuse d’observer comment le paysage et la nature changent en fonction des différences de climat et d’altitude. Ce fut une expérience fatigante mais fantastique. Notre vol de retour a été une expérience tout aussi exceptionnelle, car j’ai vu des choses que je n’aurais jamais pu imaginer sans les constater de mes propres yeux ! Une fois arrivés à l’aéroport, nous nous sommes enregistrés au comptoir où on laisse ses bagages à un agent qui les amène directement à l’avion. L’écran de contrôle des vols était en réalité une planche de bois avec les horaires et la destination des vols écrits à la main. Après ça, il faut se rendre au poste de sécurité, que l’on s’attend à trouver, comme dans l’aéroport de sa ville d’origine, avec des rayons x et des détecteurs de métaux. Oubliez ça ! Quand votre tour arrive, vous devez vous tenir face à un agent de police qui fouillera votre sac à main en l’ouvrant et en cherchant d’éventuels objets dangereux à l’intérieur ; un contrôle de sécurité à l’ancienne! (En croisant les doigts pour que personne ne soit mal intentionné à bord).
Comme je l’ai dit, l’hôpital se trouve à Andavadoaka, un petit village situé 170 km au nord de Tulear , et le seul moyen d’y arriver est de suivre l’unique route qui y mène, qui est chemin de sable et de poussière longeant le canal du Mozambique, où l’on peut profiter du spectacle offert par des mers d’un bleu incroyable et traverser des territoires intacts avec d’énormes baobabs centenaires. Bien que le voyage dure environ 8 heures, cela en vaut incontestablement la peine.
Une fois arrivé au village, les sensations et émotions que l’on ressent sont exceptionnelles. La population compte environ 1000 habitants, et dès que vous arrivez, vous vous apercevez de leur gentillesse et de leur affection. Tout le monde sourit tout le temps et vous accueille à bras ouverts. Il est fort probable que si vous vous promenez un peu à pied, vous passiez votre temps à dire et à répondre « salama » (bonjour) à quiconque croise votre chemin.
Dans l’hôpital, l’ambiance peut être un peu confuse mais aussi très satisfaisante. La grande cour devant l’hôpital se transforme chaque matin en lieu de réunion pour tous les habitants d’Andavadoaka et des villages environnants, on y entend donc des gens parler et passer du petit matin jusqu’à l’après-midi.
Certains viennent pour une visite de contrôle, d’autres ont besoin de médicaments antalgiques, d’autre encore ont rendez-vous avec un spécialiste, exactement comme chez nous ; enfin, certains autres viennent juste passer leur temps à l’endroit qui devient chaque jour le centre de la vie sociale du village.
Les patients qui se rendent à l’hôpital peuvent bénéficier de soins d’urgence 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Selon la période de l’année, ils peuvent trouver des spécialistes tels que des chirurgiens, des dentistes, des ophtalmologistes, des physiothérapeutes et des gynécologues. L’hôpital est donc structuré avec plusieurs salles d’examen, dont un cabinet dentaire avec un fauteuil et un petit laboratoire dentaire, une salle opératoire, un cabinet de radiologie et d’échographie, et deux chambres hospitalières qui peuvent accueillir jusqu’à dix patient.
L’hôpital dépend de l’activité et de la présence des bénévoles, sous l’organisation et la supervision de l’organisation à but non-lucratif « Amici di Ampasilava », dont il y a toujours des membres dans l’établissement pour faire le lien entre les bénévoles italiens et les populations malgache.
Nos deux semaines à Hopitaly Vezo sont passées très vite, à peine commencions nous à nous habituer à la vie locale que le moment de partir était arrivé.
Vous pouvez me croire, une fois tout ceci terminé, après notre retour en Italie, nous avons souffert de « mal d’Afrique », une pathologie qui touche couramment les personnes qui ont passé un excellent séjour en Afrique!
4. Vous avez été un incroyable groupe de super héros ! Combien de patients avez-vous traités pendant votre séjour ? Quelles difficultés avez-vous rencontrées?
Merci ! Nous nous sommes vraiment sentis comme des super héros à certains moments. Nous devions affronter des problèmes improbables dans notre vie quotidienne. La plus grande difficulté était la langue, il était très difficile de dialoguer sans l’aide d’un interprète. Il y en a quelques uns à l’hôpital, qui parlent italien et la langue locale, ce qui permet aux docteurs d’interagir avec les patients. Il est souvent difficile de se faire comprendre, même avec des gestes. Certains gestes courants de notre langue des signes ne veulent rien dire pour eux. Vous pouvez donc imaginer à quel point il peut être difficile de comprendre un patient qui peine à exprimer ses symptômes et ses sensations, sans rayons x ni anamnèse, en se basant uniquement sur la capacité de l’interprète à comprendre ce que le patient tente de communiquer et traduit dans une langue dont il ne connait que les bases. Heureusement, nous avons finalement réussi à gérer tous les cas rencontrés.
Au cours des deux semaines que nous avons passées à Hopitaly Vezo, nous avons examiné environ 500 patients et traité près de la totalité d’entre eux. Certains cas, qui exigeaient plus de temps ou des programmes de soins plus longs, ont été adressés aux prochains praticiens dentaires visitant l’hôpital. Le nombre quotidien de patients s’élevait à environ 50, recevant des soins dentaires relevant de l’hygiène dentaire, de la chirurgie bucco-dentaire, de l’endodontie, de la dentisterie restauratrice et prothétique
Notre travail était essentiel à la population, car l’hôpital d’Andavadoaka est le seul endroit à Madagascar où il est possible de recevoir des soins dentaires, tandis que dans le reste de l’île, la plupart des gens ne peuvent pas se permettre une consultation chez le dentiste. Il nous est même arrivé de traiter des patients provenant de villages éloignés, certains nous ont raconté qu’ils avaient fait un voyage de plusieurs jours en chariot à zébu pour se rendre à l’hôpital.
Je suis vraiment fier de pouvoir dire que cette aventure s’est avérée l’une des expériences les plus gratifiantes et bouleversantes que j’ai connues. Les motivations initiales qui m’ont poussé à travailler bénévolement en Afrique venait d’un désir profond d’aider les gens, d’améliorer la vie des autres. En définitive, j’ai non seulement amélioré la vie des autres, mais aussi la mienne.
Nous sommes très admiratifs de votre engagement et de votre courage ! Ce fut pour nous un plaisir de vous soutenir ces efforts si généreux et charitables de votre part. Bravo!
Nous vous souhaitons, comme à tous les jeunes professionnels habités du même esprit, bonne chance pour votre carrière. Merci d’avoir pris le temps de répondre à nos questions à propos de cette importante initiative, nous attendons impatiemment vos prochaines aventures.
Merci pour votre amabilité et surtout, merci de soutenir notre projet et de nous donner la chance de redonner un sourire sain à ceux qui en ont besoin. Je suis certain que l’AISO et Hu-Friedy continueront à concrétiser des rêves ensemble.